09 janvier 2010

Berlin - architecture dictatoriale

Berlin est une ville chargée d'histoire, globalement assez tragique, et son urbanisme et les différents tissus architecturaux n'ont de cesse de nous le rappeler.
On trouve par exemple dans Berlin des bâtiments qui ont été construits par les Nazis. Il y en a peu, car la plupart ont été détruits par les bombardements ou volontairement. L'un de ces bâtiment est l'aéroport de Tempelhof, qui est d'ailleurs assez étonnament situé très proche du centre ville, dans une zone urbaine. Rien à voir avec le lointain Roissy Charles de Gaulle puisqu'on peut aller en métro à Tempelhof.
Il s'agissait d'un ancien aérodrome et Hitler a ordonné en 1935 la construction d'un aéroport à son emplacement. Il n'est aujourd'hui plus en fonction mais cela est très récent. Un projet de réaménagement est en discussion, à la fois pour le bâtiment et pour les piste d'atterrissage, ce qui représente une surface très importante, d'autant plus que c'est situé dans la ville.

Le bâtiment en soit est très imposant, démesuré (à peu près 30 fois plus grand que le trafic aérien de l'époque l'exigeait), sans pour autant être beau. C'est en fait très oppressant comme architecture, et voir le bâtiment encore debout, entrer à l'intérieur fait palper un peu mieux la réalité des évènements qui se sont déroulés il n'y a pas si longtemps que cela en Europe. Terrifiant. Se trouver dans le centre de la cour encadré par trois ailes perpendiculaires et toutes leurs fenêtres qui abritaient autant de personnes potentiellement hostiles, ça fait froid dans le dos... Impressionnant comme l'architecture peut servir une cause et une idéologie.
Après avoir été un symbole du nazisme, Tempelhof est devenu un symbole de la lutte de Berlin Ouest pour se libérer de l'étau soviétique. Pendant le blocus de Berlin, Britanniques et Américains y organisèrent un pont aérien pour approvisionner la ville. Entre juin 1948 et mai 1949, 200000 vols sont organisés. Au plus fort du blocus, un avion attérit à Tempelhof toutes les 90 secondes... Finalement, ce n'était pas si mal que l'aéroport ait une capacité disproportionnée ! C'est la menace d'une frappe nucléaire américaine sur la ville de Moscou qui décide les soviétiques à arrêter le blocus.